Qu’est-ce qu’on entend par acrophobie, la peur des hauteurs ?
Vous êtes-vous déjà demandé si vous souffriez d’acrophobie en dehors des situations où vous étiez vraiment exposé au vide ? Le fait de sentir vos mains devenir moites, d’entendre votre respiration et votre cœur s’accélérer ne sont pas forcément les signes évocateurs d’une phobie. Tout le monde peut ressentir ces sensations, c’est un phénomène tout à fait normal qui peut se gérer avec l’habitude. Mais alors, à quoi tient donc cette acrophobie ?
La peur des hauteurs, une des phobies les plus répandues
L’acrophobie provient du grec akron (sommet) et de phobos (crainte). C’est une des phobies les plus communes et courantes qui touche deux fois plus les femmes que les hommes. Il s’agit d’un trouble psychique qui se différencie des vertiges causés par un dysfonctionnement d’un organe sensoriel situé dans l’oreille interne (que l’on appelle plus précisément « système vestibulaire »). Ce dernier contribue à la sensation de mouvement et à notre équilibre. Lorsque le système vestibulaire est altéré, il est possible que les vertiges puissent aussi bien se produire allongés dans un lit que lors d’une simple marche dans la rue.
Si vous êtes acrophobe, vous ne présentez pas forcément de trouble de l’oreille interne, mais vous ressentez une peur panique totalement incontrôlable et un besoin irrépressible de descendre lorsque vous êtes exposé à des hauteurs.
La simple idée de devoir vous rendre au 10ème étage d’un bâtiment, de franchir un précipice ou de vous promener en haut des grattes ciel peut vous déclencher une crise d’angoisse. Pour vous, les dimensions de hauteurs sont généralement surreprésentées et amplifiées. Franchir un dénivelé de quelques mètres sera vécu comme une situation beaucoup plus dangereuse qu’elle ne l’est vraiment.
La notion d’élévation est largement décuplée même à de faibles hauteurs. La phobie se révèle lorsque vous mettez également en place des stratégies d’évitements pour ne pas avoir à vous confronter à toutes ses difficultés. A ce stade, l’acrophobie génère un réel handicap et vous empêche de vivre pleinement votre vie.
L’acrophobie, une peur irrationnelle qui gâche le quotidien
Selon certains chercheurs, l’acrophobie était initialement une forme de disposition interne favorisant la survie de l’espèce. Elle aurait permis de s’adapter efficacement à l’environnement et de mieux faire face aux nombreux dangers de chute auxquels étaient confrontées les populations il y a des milliers d’années.
Toutefois, de nos jours, l’acrophobie désigne universellement la peur irrationnelle qui vous empêche de réaliser les activités de la vie quotidienne.
Le simple fait de prendre un verre avec des amis sur un balcon ou de partir en randonnée à la montagne sont des situations inenvisageables. Les métiers exigeant de travailler en hauteur (maçon, grutier, techniciens filaires, etc.) sont également rayés d’office de votre liste et vous contraignent à choisir une autre activité.
Beaucoup d’individus souffrent d’acrophobie et ne pensent pas à consulter un professionnel de santé car bien souvent, ils ont appris à vivre avec leurs difficultés. Il leur est relativement facile de trouver une solution qui leur permette de ne pas faire face au problème. Ils privilégient, par exemple, les escaliers plutôt que les ascenseurs transparents, choisissent de prendre un sentier plus long plutôt que de franchir un pont suspendu, etc.
Enfin, il faut savoir qu’il y a presque autant de façon de ressentir la peur du vide que d’acrophobes. Il est donc important pour le professionnel de santé d’identifier précisément les situations et les moments particuliers qui déclenchent votre angoisse. Il est tout à fait possible qu’une personne puisse se rendre en haut d’un immeuble mais qu’elle soit, en revanche, incapable de grimper sur un escabeau à quelques centimètres du sol. Cela dépend de la représentation de chacun et il faut parfois un peu de temps avant de réussir à clairement identifier ces situations.
Les situations-type sources d’anxiété pour les acrophobes
Bien que l’acrophobie puisse se manifester de façon très diverse en fonction des individus, on recense un certain nombre de cas de figure auxquels les personnes acrophobes semblent particulièrement sensibles.
En premier lieu, elles sont dans l’incapacité de se rendre au sommet d’une colline ou d’une montagne et éprouvent de grandes difficultés à monter dans les étages de bâtiments plus ou moins hauts.
Elles disent aussi être très angoissées par le fait de se tenir près du bord, qu’il s’agisse d’un pont ou d’un quai de métro, par exemple. Ces situations sont profondément problématiques pour elles car les personnes acrophobes s’imaginent qu’elles vont chuter à tout moment, se blesser gravement et même mourir dans la plupart des cas. Cette peur est souvent si intense qu’elle peut provoquer des sensations physiques de chutes alors même que l’individu se trouve en fait en sécurité. Elle peut, de ce fait, exposer à de vrais risques qui ne sont pas intrinsèques à la situation mais peuvent provoquer alors de vraies chutes.
Un autre aspect de la peur du vide est souvent mentionné par les personnes atteintes. Elles disent ressentir un besoin presque irrépressible de se jeter dans le vide lorsqu’elles sont près du bord de la surface sur laquelle elles se trouvent. Ce ressenti est parfois décrit comme une force extérieure qui les attireraient vers le vide. La conséquence directe de ce type de sensations est que la personne acrophobe perd progressivement confiance en ses capacités à maîtriser ses réactions dans la situation et tend à se sentir encore plus vulnérable.