Comment se développe une acrophobie, une peur des hauteurs ?
Il n’est pas si facile d’étudier le développement d’une phobie car celle-ci se construit selon l’histoire de chaque individu. Pour comprendre l’acrophobie, la peur des hauteurs, il est intéressant de chercher la source de ce développement. Le plus souvent, nous retrouvons trois facteurs à l’origine du déclenchement de cette phobie. Il peut s’agir d’un traumatisme, d’une défaillance de l’oreille interne ou d’un tempérament anxieux.
Pourquoi a-t-on peur du vide ou des hauteurs ?
Le traumatisme à l’origine de l’acrophobie
La peur panique peut se déclencher à la suite d’une lourde chute ou d’une situation vécue fort déplaisante. Si vous avez été particulièrement marqué par une chute de plein pied, vous ferez tout pour éviter que cela se reproduise de nouveau. La crainte de départ sensiblement liée à une situation spécifique s’étend peu à peu à de nouvelles circonstances et s’associe à une peur bleue de la hauteur.
Imaginez-vous bloqué dans un téléphérique par jour de vent
La cabine se met à bouger considérablement et vous voyez les câbles se courber sous le poids de l’ensemble. Vous vous sentez de plus en plus mal et entendez les autres se moquer de votre comportement agité. Ce n’est que lorsque le téléphérique repart et arrive en station que votre état s’apaise. Vous avez vécu un enfer durant ces quelques minutes et vous ressortez traumatisé de cette expérience. L’incapacité de ne pas être parvenu à maîtriser vos émotions a provoqué en vous un sentiment de honte si important que vous n’êtes pas prêt de renouveler cette expérience de sitôt. D’ailleurs vous vous demandez si vous pourrez un jour renouveler une expérience de ce type. Il s’agit donc ici d’une peur, d’une angoisse. L’origine du trouble est alors d’ordre psychique.
L’appareil vestibulaire, cause de la peur du vide
Une défaillance de l’oreille interne et plus exactement de l’appareil vestibulaire peut également être à l’origine de l’acrophobie. Ce système joue un rôle important pour l’équilibre du corps. Lorsqu’il est affecté, il se révèle fréquemment sans gravité mais génère un malaise violemment ressenti. Les informations envoyées au corps, aux muscles, à l’œil et au cerveau sont contradictoires. Elles ne sont plus évaluées convenablement et vous font perdre l’équilibre. Si ces vertiges se déclenchent lorsque vous êtes en hauteur, l’association de ces symptômes avec la situation anxiogène peuvent être une combinaison à l’origine du développement de l’acrophobie.
La peur des hauteurs : une peur qui se développe davantage chez les personnes de nature anxieuse
Enfin, la peur des hauteurs est plus encline à se développer si vous êtes de nature anxieuse. Ce tempérament se construit dès la naissance, lorsque l’enfant tisse ses relations avec ses parents et ses proches. Si ces derniers ont peur du vide, ils transmettront naturellement un modèle de réactions négatives et anxieuses. Lorsque l’enfant deviendra grand, ses représentations seront les mêmes que celles qui lui ont été apprises et il les reproduira lorsqu’il sera confronté à des situations de hauteur. « Comment pourrai-je ne pas avoir peur du vide si mes propres parents sont incapables d’y faire face ? Chaque fois que je me retrouve en situation de hauteur, ils me disent de ne pas y aller ou de prendre toutes les précautions nécessaires avant de monter, de faire attention, à tel point que je ne parviens plus à prendre les moindres sentiers présentant d’importants dénivelés… ».
Une fois devenu adulte, l’enfant développe la même phobie que ses parents. Ceci démontre combien le mode d’éducation de l’enfant participe au développement de la pathologie d’une personne. Ainsi, le traitement de l’acrophobie repose en grande partie sur un mode de stratégies comportementales propre à chacun.
La peur des hauteurs au quotidien
Évitement et charge mentale
L’un des avantages de l’acrophobie, si on la compare à l’agoraphobie par exemple, est que les situations en hauteur semblent souvent de premier abord assez faciles à éviter. Mais s’engager de façon répétée dans ce type de conduites pose au final plus de problèmes que cela ne constitue une véritable solution durable. Tout d’abord, vous risquez de ne pas pouvoir participer à un certain nombre d’activités physiques, culturelles et même sociales. Il vous sera impossible d’aller boire un verre sur un rooftop avec vos amis, de participer à des randonnées ou encore de visiter certains monuments. Sur le moyen et long terme, cela peut avoir un vrai impact négatif sur votre qualité de vie. D’une part, il se peut que vous aimiez ce type d’activités avant le déclenchement de votre phobie. Y renoncer systématiquement provoquera donc des émotions négatives qui pourront affecter plus ou moins durablement votre humeur. D’autre part, votre entourage ne partageant pas votre peur, il est fort probable que vos proches continuent à s’adonner à ces activités sans vous plus ou moins régulièrement ce qui vous fera vite vous sentir exclu.L’effet pervers de l’évitement est qu’il renforce insidieusement l’idée que se trouver en hauteur constitue une menace extrêmement importante pour votre vie. C’est un vrai cercle vicieux : plus vous éviterez ce type de situation, plus il vous apparaîtra vital de les éviter jusqu’au moment où vous ne pourrez physiquement plus vous trouver dans des endroits même légèrement surélevés. Il faudra alors organiser presque toute votre vie pour ne surtout pas vous retrouver confronté à ce genre de situations. Autrement dit, vous développez une charge mentale non-négligeable avec laquelle il faudra quotidiennement composer et qui impactera les différentes sphères de votre vie petit à petit.
Conséquences sur la santé
L’incapacité à prendre part aux activités avec vos amis ou votre famille, la charge mentale qui transforme votre quotidien et vous oblige à des adaptations constantes peuvent déboucher sur des phases de déprime voire une dépression. Si votre peur touche également à votre activité professionnelle, elle peut mener dans une certaine mesure au burnout, voire potentiellement à de l’ergophobie.L’acrophobie peut parfois se combiner voire engendrer d’autres phobies. Classiquement, les personnes acrophobes ont souvent peur de conduire sur les routes en hauteur. Si vous êtes amené à conduire régulièrement en montagne ou devez passer sur un pont pour rentrer chez vous par exemple, il est fort probable que vous développiez aussi une forme d’amaxophobie.